Le problème capital des frontières est discuté à Moscou

Tous les problèmes territoriaux sont liés

Georges Bidault, pour sa part, souligna le caractère déplorable des accords de Potsdam que chacun interprète à son gré (ils sont la meilleure condamnation de la diplomatie secrète). Toutefois, a-t-il indiqué, la France ne conteste pas et n'a jamais contesté la frontière Oder-Neisse. Simplement elle estime que tout est lié et l'ensemble des questions de frontières devrait être étudié comme un tout par les ministres des Affaires étrangères.

M. Molotov répondit en dernier à M. Marshall. Il le fit sur un plan principalement juridique et son argumentation sur la portée des accords de Potsdam paraissait forte. Mais est-ce la question ? La frontière Oder-Neisse ne peut pas être remise en cause, ne serait-ce que parce qu'on ne peut pas expulser les Polonais qui ont occupé les anciens territoires allemands, ni retransférer les Allemands qui ont fui ces régions. Ne serait-ce que, surtout parce que ces territoires sont dans la zone d'influence soviétique et que les Russes ne s'en laisseront pas éloigner. Alors que veut M. Marshall, trop clairvoyant pour nourrir des illusions ? Selon toute vraisemblance, il fait une parade à la demande russe de contrôle quadripartite de la Ruhr.

Mais les Russes, eux aussi, se font-ils illusion ? Comme eux-mêmes tiennent les régions orientales, ils savent bien que les Anglais sont solidement et tranquillement assis sur la Ruhr.